Bienvenue à tous !

Ici même, je me propose de vous dépayser, de vous emmener en voyage, peu importe comment, mais dans le monde que je veux vous décrire. Peut-être qu'un premier aller vous plaira, et que vous vous intéresserez à la suite, désirant avoir une vision plus large. Me voici débutant dans l'écriture, et on dirait bien que l'occasion se profile. Les avis sont bien utiles et les critiques plus encore, n'hésitez donc pas.
Mon format n'est pas défini, mais il est clair que je ne peux publier quelques œuvres non travaillées, ainsi je promets au moins du contenu et de la matière pour qui veut bien recevoir.
Le monde que je conçois ne manque pas d'idées, cependant il me faut acquérir cette capacité mystérieuse, de le pouvoir convenablement décrire, ce qui pour autant ne s'affranchira pas de ne rester qu'une esquisse. Ainsi le style ne sera rien d'autre que la conséquence de la substance, laquelle j'aimerai transmettre. On me rétorquera que c'est bien logique, oui effectivement, mais c'est vraiment de moins en moins le cas à notre époque.
Quoiqu'il en soit j'espère ne pas vous avoir trop assommé, ce n'était pas mon intention, mais du reste, je vous souhaite une très bonne lecture !!

lundi 2 décembre 2013

Chronique du petit Essencien - Premier Chapitre

Quel est ce monde infini qui semble nous réserver les découvertes des plus époustouflantes ? Le connaissez-vous... Sûrement pas. Pourtant, un mystérieux voyageur qui le parcourt, semble être le personnage idéal avec qui faire le chemin. Allez vous donc le suivre ?
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I/ Source



Tout n'était qu'obscurité. Rien, aucun bruit ni son. C'était comme si le Monde n'avait encore jamais existé, le vide semblait imperturbable et immuable. Puis il y eu un signe, la lumière paraissait sortir du néant. A peine perceptible, un cercle de lumière dessinait l'horizon, comme s'il avait toujours été là. Petit à petit, le halo s’épaississait et gagnait en clarté. Invisible il y a peu, son existence ne faisait maintenant aucun doute ; en un instant on était passé de rien à tout. Alors que l'illumination gagnait le Monde, du silence absolu s'élevait un son. Si clair et pur ; à cet instant la vision et l'ouïe ne semblaient faire qu'un, on avait le sentiment que cette note émanait directement de la lumière. C'était comme si le son faisait partie intégrante de celle-ci. Plus elle augmentait en intensité, plus la tonalité s'élevait. Malgré tout, le silence n'était pas perturbé par ce son, il semblait s'y fondre. Peut-être était-ce dû à sa pureté ou encore au fait qu'il n'avait pas de source précise mais plutôt qu'il venait de partout.

L'infinie circonférence divisait l'espace en deux. Le trait de lumière qui Le délimitait s'élargissait et s'étalait vers la première moitié, et qui peu à peu se transformait en ce qu'on appelle le ciel. Le sublime éclat donnait pouvoir aux yeux de distinguer peu à peu la réalité, de la rendre visible à tous. La terre se découvrait et des ombres furtives apparaissaient, on pouvait commencer à discerner quelques couleurs, quoique floues et imprécises. La fissure dans le ciel, malgré sa clarté admettait désormais de nombreuses nuances. La lumière qui ne pouvait être plus vive s'étendait plus encore vers le haut, et elle laissait derrière elle un blanc frais mais de plus en plus terne. Plus elle progressait dans le firmament et plus la blanche couleur virait au platine. Tout s'effectuait si lentement qu'on ne pouvait suivre précisément la transformation, et ce malgré une observation concise. Le teint gris pâle semblait plus blafard que jamais et pourtant il y avait comme une certaine profondeur qui s'ajoutait. La couleur n'avait plus l'air aussi terne et bientôt on commençait à douter de ce gris. Cette nouvelle teinte prenait des allures plus vivantes et se dégradait progressivement, absorbant de plus en plus de couleurs. On pouvait vraiment se demander ce qui résulterait de cette transformation. Malgré toutes les suppositions, aucune couleur n'était certaine. Puis soudain, comme par merveille, le bleu apparut d'une manière toute naturelle. Très clair, il se dessinait dans le ciel pendant que l'éclatante circonférence bouclait ce dernier.

Une immense étendue baignait maintenant dans la lumière du jour naissant. Verdoyante à souhait, une vaste plaine dont on ne voyait même pas les limites régnait en ces lieux. La luminosité était de plus en plus vive et chatoyante ; on aurait dit que le Monde venait de naître. L'herbe douce et fraîche recouvrait de partout le sol, sauf en de rares endroits. Une petite brise venait de se lever, et caressait la verdure. Le halo dans le ciel s'était transformé en une impressionnante sphère lumineuse qui dominait incontestablement de sa position culminante. Le dégradé du ciel était toujours présent, un magnifique bleu azuré couvrait la partie basse jusqu'à devenir un blanc étincelant et formant cet astre brillant. Le vent devenait plus intensif et son souffle plus puissant.



Il y avait là une petite élévation comme en de nombreux endroits, car la plaine n'était pas si uniforme. Sur cette colline se trouvait quelques grands rochers qui n'avaient pas l'air trop à leur place et marquaient dans le paysage. Cet amas semblait avoir une forme précise, mais il se pouvait aussi bien qu'il fut dû au hasard. Cependant il se trouvait un mystérieux personnage qui venait de passer la nuit en ce lieu. La personne en question venait de se réveiller et secouait sa cape sur laquelle il avait dormi. C'était un jeune garçon d'environ quatre pieds et demi, ses cheveux étaient châtains et en pagaille, il portait sur lui une veste courte marron clair et une chemise blanche en dessous, son pantalon était ample et d'une teinte beige. On pouvait voir qu'il était encore mal réveillé. Il s'avança un peu plus loin puis se laissa choir sur l'herbe. Le vent était frais, l'herbe douce, et la lumière le réchauffait ; allongé sur le dos, il regardait le ciel. Le globe lumineux semblait s'évanouir si lentement, des nuages d'une blancheur éclatante commençaient à faire leur apparition dans le ciel. Ils se détachaient de ce ciel bleuté et devenaient visibles, leur forme étonnante changeait au gré du vent. Le garçon se leva, il fit joyeusement ses étirements du matin puis retournant vers les rochers, il s'assit près de ses affaires. Il y avait là un sac-à-dos d'où il sortit une sorte de pain qu'il grignota. Après qu'il eu fini, il revêtit sa cape d'un vert bien sombre et mit son chapeau en feutre de la même couleur. Il alla ensuite fouiller dans son sac pour y sortir un tissu étrange replié sur lui-même. La matière avait une couleur grise tirant légèrement sur le vert, de plus elle ressemblait à quelque chose qui pouvait posséder des propriétés élastiques. Il rangea le reste de ses affaires et finit de s'équiper puis s'exposa en pleine lumière. Là, il déploya son mystérieux tissu dans les airs. Il se forma une sorte de cerf-volant dont la forme s'approchait assez bien de celle d'un oiseau. L'enfant maintenait sans aucune difficulté l'armature qui semblait être posée calmement sur l'air. Il s'accrochait à deux petites poignées peu éloignées l'une de l'autre et fabriquées d'une texture plus solide que le tissu composant le reste. Il attendit un moment, et dès que le vent souffla à nouveau, il s'élança en courant faisant glisser étonnement droit son cerf-volant. Il traversa l'étendu de la colline et au moment où commençait la pente il se jeta sur l'objet qu'il maintenait jusqu'à lors. Le vide se faisait de plus en plus grand tandis que l'enfant s'éloignait de la colline en planant. C'était désormais la toile qui le maintenait dans les airs. Il manœuvrait sereinement son cerf-volant en étant allongé. Il pouvait incliner l'étrange objet à l'aide des poignées afin de se diriger. Le bout de ses jambes dépassait légèrement ; une contraction sur la toile fit plonger le cerf-volant, et en œuvrant de tout son poids le pilote le redressa brusquement. Si bien qu'il s'envola encore plus haut, porté par le vent.


Il avait pris le maximum de hauteur et planait bien au-dessus des plaines. Le plus dur et le plus dangereux était fait, désormais il fallait manœuvrer tranquillement afin d'éviter les trop fortes bourrasques et parcourir le plus de distance possible. Se déplaçant comme un oiseau dans le ciel, la pointe de son chapeau flottait au vent. Au fur et à mesure que le cerf-volant avançait, il perdait en même temps de l'altitude. Quelque fois il suffisait d'un courant ascendant pour reprendre la hauteur perdue. Néanmoins il était difficile de les prévoir, et malgré tout, le pilote n'était pas une de ces créatures volantes qui naissaient avec l'instinct ou même la perception nécessaire. Au bout d'un temps, le planeur ne put s'empêcher de se rapprocher dangereusement du sol. Le pilote le guida jusqu'à la colline la plus élevée, et renversa soudainement son cerf-volant sur la verticale afin d'exécuter un dérapage aérien. La manœuvre fut quelque peu brutale, sans doute à cause de la vitesse à laquelle il arrivait, la toile se contorsionna et l'enfant fut projeté par dessus. Il amortit la chute par une roulade dans l'herbe fraîche, son cerf-volant retournant à l'état d'un étrange bout de tissu sans forme. Lors de l'atterrissage le chapeau du mystérieux voyageur s'était retrouvé au sol, pas bien loin. Il le remit sur son chef et ramassa la toile pour ensuite se rendre au sommet de ce monticule. Puis attendant le moment opportun où le vent serait avec lui, il s'élança tout comme la dernière fois, et se retrouva en un rien de temps sur son cerf-volant à parcourir de nouveau la plaine par les airs. Il voyagea un bon moment ainsi, répétant de nombreuses fois ces différentes manœuvres qui lui était nécessaires. Entre temps, la partie éblouissante du ciel s'était pratiquement évanouit, la luminosité se faisait moins éclatante qu'aux premières hôrs et l'on sentait que la fin de la matinée approchait.




Quand enfin le pilote put apercevoir au loin des reliefs plus important qui indiquaient la limite de la grande plaine et le début d'un nouveau paysage, le ciel se trouvait alors complètement bleu ; le jour s'était finalement stabilisé. Le planeur se posa cette fois-ci en douceur auprès d'une jolie rivière qui descendait une vallée. Le vent de la région semblait plus calme et plus léger, de nombreuses fleurs en tout genre parsemaient la terre, et plusieurs arbres se trouvaient aux alentours. Derrière lui il y avait l'immense plaine dont on ne percevait pas les limites, la frontière était mince mais le paysage changeait du tout au tout. L'enfant avait l'air agréablement surpris de trouver ici une rivière, il se délesta de son sac, puis enleva ses vêtements qu'il posa soigneusement à coté. Il plongea dans l'eau sans se soucier de quoique ce soit, la profondeur à cette endroit était suffisante. Une fois rafraîchi, il s'assit sur le bord afin de sécher et observa le courant de la rivière. L'eau était étrangement claire, elle devait forcément provenir d'une source, et si c'était le cas, notre héros pourrait peut-être trouver ce qu'il cherchait. Il se rhabilla rapidement et rangea dans son sac le bout de tissu qui lui avait permit de traverser une partie des grandes plaines. Il se mit à remonter la rivière pour arriver en cours de route à un petit village.

Sur le chemin se trouvait un petit moulin qui se servait du courant de la rivière pour faire tourner une grande lame. Des hommes aux alentours s'activaient en coupant le bois. Apparemment le village devait s'agrandir, peut-être une nouvelle masure était en construction. Le voyageur passa inaperçu tellement les hommes étaient occupés dans leur tâche. Le village en lui-même était plutôt simple, l'espace avait été bien utilisé, et l'on pouvait penser qu'il n'était pas très ancien. Il y avait quelques bâtiments plus grands que d'autres, dont certainement la demeure du Chef, et peut-être, espérait notre jeune ami, une auberge accueillante et un bon repas l'attendant. Il n'eut point de mal à la repérer du fait de l'indice caractéristique à toutes les auberges, peu importe le lieu et les civilisations, de grandes voix chaleureuses et des rires qui en provenaient.

Lorsqu'il poussa la porte et s'avança à l'intérieur, la plupart des bruits cessèrent. Les regards s'étaient tournés vers lui, devinant instinctivement sa nature d'étranger, et le jeune âge de l'enfant rajoutait à l'impression dérangeante qu'ils en avaient. Lui, imperturbable, marcha droit vers une table vide et s'assit calmement. Des messes basses commencèrent à envahir la salle. Les voyageurs, c'était déjà bien rares, mais en général ils n'avaient pas du tout ce type de profil. Un enfant, ça ne sortait pas de son village, alors voyager c'était inimaginable, de plus, son accoutrement était plus qu'inhabituel. Les villages perdus de ce genre avaient appris à se méfier de toutes sortes de choses, il y avait quantité de rumeurs parlant de villages rasés. Et les récits contant les diverses manières et événements étaient innombrables, Généains ou créatures des plus décriées, en passant par des phénomènes inexpliqués, la logique n'avait pas sa place et pliait face à la peur et à la crainte. Mais les gens n'étaient pas tous aussi paranoïaques et les folles rumeurs permettaient parfois de faire passer l'ennui. Peu de temps après qu'il se soit assit, une jeune fille vint s'enquérir de ses besoins.

_ Voulez-vous que je vous serve quelque chose, messire ?

_ Avec joie, j'ai bien besoin d'un copieux repas.

_ Tout de suite, fit la fille d'un sourire timide.

La méfiance se dissipa jusqu'à un certain point dans l'auberge, et on revint pour le servir. Le plat encore fumant avait l'air appétissant aux yeux de notre héros, il n'avait pas eu de vrai repas depuis plusieurs jours. Le ragoût au gras de brohmon était consistant, mais l'enfant l'avala en quelques instants, puis il finit en buvant son verre d'eau. Il digéra un moment, puis se rendit au comptoir pour payer. Il plongea sa main dans une petite bourse et sortit une petite pépite d'un noir rutilant. Les yeux de la vieille femme qui jusqu'alors le dévisageait nerveusement, s’écarquillèrent. Puis après cette brève surprise elle s'empressa de prendre le grain sombre que l'enfant avait déposé sur le bord.

_ Ça alors tu ne manques pas de surprises ! Si tu n'as rien d'autre pour payer c'est parfait.

Elle acquiesça avec un sourire satisfait et se précipita dans l'arrière salle afin de montrer la pépite à son mari. Quelque soit la monnaie de la région, on pouvait être sûr de s'en sortir si on avait de l'Onir ; ce métal obscur qui avait de la valeur à peu près n'importe où en raison de sa rareté et de sa préciosité. Le voyageur lui n'avait manifestement pas pu se renseigner comme il comptait le faire. Lorsqu'il vu la fille qui revenait après avoir débarrassé sa table, il lui posa sa question.

_ Excusez-moi, j'ai remarqué la rivière passant près du village, je me demandais s'il y avait bien une source pas trop loin ?

_ Ah, eh bien..

Un homme proche se leva promptement et interrompit la jeune fille.

_ Qu'est-ce que ça peut te faire de toute façon ! Écoutes, t'es assez louche comme ça gamin, alors je te conseille de passer vite fait ton chemin et de ne causer d'ennui à personne.

L'enfant mit son chapeau et le rabattit sur son front, puis il sortit de l'auberge sans demander rien de plus. Il s'éloigna lentement en sortant du village. Mais à ce moment, il crut entendre une voix l'appelant derrière lui. Un gamin de son âge se tenait dans un coin d'ombre et lui fit un geste de la main. Notre héros le rejoignit sans trop d'hésitation et découvrit qu'il s'agissait en fait d'un trio d'enfants. Celui de devant qui le dépassait en taille et en largeur, et qui se prenait apparemment pour quelqu'un d'important, prit la parole.

_ Tu m'as pas l'air d'ici, comment ça se fait que tu te balades seul ?

_ Je voyage, seul.

_ Hein !? s'exclama celui de droite. Et tes parents ? reprit le chef, intrigué.

_ Je n'ai ni père ni mère. En tout cas je n'ai souvenir de rien de cette sorte.

_ Étrange, mais en tout cas tu as de la chance de pouvoir voyager comme tu le souhaites, tu dois être sacrément fort, fit-il rêveusement. Mais je me demande bien qu'est-ce que tu viens faire dans cet endroit perdu ?

Le mystérieux voyageur inclina légèrement la tête comme pour réfléchir. Il n'y avait pas de raison pour ne pas aller droit au but.

_ Il se trouve que j'aimerai trouver la source de la rivière proche du village, il y a quelque chose que j'aimerai vérifier. Mais je ne sais pourquoi, ma question n'a visiblement pas plu dans la taverne et on m'a invité à décamper vite fait.

Le garnement se mit à rire.

_ Je comprends pourquoi, les adultes sont déjà si méfiant d'habitude, mais parler de cette endroit n'a pas dû les réjouir. Ils en ont peur, mais moi ça ne m'impressionne pas vraiment, bien que je n'ai pas connu cette époque. En fait, d'après ce qu'on m'a raconté quand j'étais petit, notre village se situait juste au-dessus d'une grande source, là-haut, l'eau paraît-il avait une qualité incomparable. Mais un jour il y eut une catastrophe, l'eau ainsi que l'air changèrent du tout au tout, et on abandonna le village. Beaucoup sont morts, alors je suppose que ça ne doit pas leur plaire de s'en rappeler.

_ Donc il y a bien une source à découvert. C'est vraiment intéressant, et bon de le savoir.

_ Oui enfin moi je te raconte ce qu'on m'a dit. Mais bon ça n'a rien d'extraordinaire, surtout pour un étranger.

_ Merci dans tout les cas.

Il se redirigea vers la sortie du village, avec une expression énigmatique couverte par son chapeau. Presque obnubilé par ses pensées, il entendit à peine l'enfant de tout à l'heure qui le rappelait. Il se retourna après quelques instants.

_ Au fait, comment tu t'appelles ? fit le gamin en forçant la voix à cause de la distance.

L'étrange enfant qui se tenait là au milieu du village sembla se rappeler de quelque chose, d'une chose lointaine. Ce devait être la première fois qu'on lui demande son nom.

_ Je m'appelle Bastian, fit-il, presque étonné de se l'entendre dire soi-même.

_ Moi c'est Jaol. Dommage que tu partes déjà, j'aurai voulu te recruter dans mon clan, dit-il fièrement.

Bastian se détourna et sourit, un sourire pas aussi simple que son apparence enfantine le laissait croire.



Le petit voyageur longeait calmement la rivière, il ne voyait bientôt plus le village qui disparaissait derrière la forêt. La flore indiquait peu à peu que l'on se trouvait sur un terrain de mi-montagne. De nouveaux arbres typiques qui ne poussaient pas en dessous d'une certaine altitude faisaient leur apparition. La plupart appartenant à la famille des pinus montagneux, les uns étaient plus touffus que d'autres, avec des épines plus ou moins grosses et rigides, ou encore des teintes de verts bien différentes allant de la plus chatoyante à la plus sombre. Le vent était léger mais plus frais que dans les plaines. La rivière grimpait de façon sinueuse et de petites gorges commençaient à se former. Le chemin qui la bordait fut manifestement en bon état il y a quelques années, il était assez large pour laisser passer des charrettes, mais désormais alors que le passage s'était raréfié, la nature reprenait ses droits sur le terrain. Bastian entendit des hurlements qui débutaient par une tonalité grave et finissaient sur une bien plus aiguë, tout cela d'une manière tant étonnante que menaçante. Il s'arrêta pour aller jeter un œil dans le bois voisin, et observa les différents arbres et leur branchage. Il s'approcha d'un épais arbuste et sortit de son sac un couteau. Soigneusement, il s'attaqua à une branche à la fois souple et noueuse. Une fois qu'il eut fini, il prit son bâton, le tâta quelques instants puis reprit sa route le long du chemin.

Les hurlements ne tardèrent pas à se faire de nouveau entendre, cette fois-ci plus féroce, plus hargneux, comme si quelque chose les avait excité. L'enfant marchait de plus en plus lentement, il semblait détendu mais aussi concentré, attentif aux moindres perturbations. Soudain trois silhouettes surgirent sur le chemin, face à lui. Elles se tenaient là, ces bêtes sauvages jugeant l'aspect et le comportement de leur proie. Leur fourrure singulière était grisée et résistante, leur gueule faite pour tuer, avec une large mâchoire qui ne laissait aucun doute quant à la puissance possédée. Bastian, et par extension n'importe quel Généain un tant soit peu averti, savait à quelles créatures il avait affaire. Ces Sargs Épineux n'étaient qu'une des nombreuses variétés de la race Sarguine bien que Bastian y avait déjà eu affaire. Il savait donc comment s'y prendre particulièrement. L'un des animaux commença à grogner, le plus gros, un jeune mâle à peine adulte mais à la mâchoire vigoureuse et bien impatient de faire ses preuves. Les deux autres l'imitèrent, suivant apparemment l'instinct du plus fort. Mais notre héros ne bougeait pas, son bâton qu'il tenait dans une main lui arrivait jusqu'au cou. Il savait bien que s'il avait voulu fuir, depuis longtemps les sargs se seraient jetés sur lui. Au contraire, ces bêtes féroces n'avaient pas l'habitude que leurs proies restent aussi impassibles, la peur surgissait rapidement et il était si facile de se ruer sur une victime qui, soit tournait le dos, ou alors était complètement paralysée. Et qui n'aurait pas paniqué en voyant les poils épais comme des flèches se hérisser de façon si inquiétante ?

Ce n'était pas une situation normale, lorsque les sargs tombaient sur une créature qui n'avait pas peur d'eux, il ne fallait pas longtemps à leur instinct pour évaluer le danger, et fuir devant plus redoutable qu'eux. Mais ça n'avait rien à voir, un petit être inoffensif ne pesant même pas leur moitié se tenait là, peut-être n'avait-il pas conscience de leur présence ; il n'y avait décidément aucun risque, et c'est ce que les sargs ressentirent à travers leur instinct. Le dominant se jeta, ses poils dressés comme des piques, sur ce qu'il avait considéré comme sa proie. Bastian sauta sur le coté en déployant sa cape, un sifflement se fit entendre, et le bâton s'écrasa sur la nuque de la bête. L'animal vacilla un instant et récupéra automatiquement sa position, se hérissant plus encore comme si le coup ne lui avait rien fait sauf d'augmenter sa colère. Effectivement les muscles de sa nuque étaient puissants et massifs, mais cela cachait justement une faiblesse. Le pli de la nuque apparaissait comme une faille naturelle dans la fourrure aux milliers de pointes, et l'endroit était parfait pour porter un coup de ce genre. Mais aussitôt une autre des bêtes surgissait derrière Bastian, les pattes griffues plongées vers son cou. Ce dernier pivota en un éclair, se débarrassant de l'indésirable d'un coup circulaire. Cependant, le bâton n'avait pas l'air d'avoir des effets très destructeurs, tout au plus l'animal chutait et se relevait plus agité encore. Les fauves qui malgré tout leurs efforts ne pouvaient atteindre leur cible, sombraient de plus en plus dans un état de furie. Bastian lui, virevoltait dans les airs en faisant des mouvements amples avec sa cape. Bien sûr il ne laissait aucune prise à ses ennemis, et on aurait dit qu'il volait presque, du fait qu'il passait plus de temps en l'air que sur la terre. En effet, dès que son pied touchait le sol, il sautait à nouveau pour se rendre inaccessible. Et en même temps que tout cela, il déplaçait son bâton de manière à distribuer un coup à l'un, puis un coup à l'autre. Il frappait de façon précise et à chaque fois au même endroit ; la nuque, toujours ce même point dont on commençait à craindre qu'il ne soit pas si faible. Un sifflement bref se produisait au moment où la solide verge s'abattait, le bruit et le mouvement étaient quasi simultanés. Puis, les sargs se firent de plus en plus lents, alors qu'au début ils manquaient toujours de peu l'enfant, maintenant ils peinaient à suivre ses mouvements et à se redresser après chaque frappe. Leur temps de réaction diminuait largement et les bêtes commençaient à s'affoler. Elles ne comprenaient pas l'état dans lequel elles se trouvaient, ce n'était pas vraiment douloureux et pourtant elles avaient du mal à bouger. Les coups répétés au même endroit qui au début n'avaient eu aucun effet commençaient à faire leur preuve. Bastian ne s'arrêtait pas, ses mouvements étaient même plus rapides du fait que les sargs ne réagissaient plus. Leurs muscles de la nuque, endoloris et malmenés comme jamais faisaient souffrir le reste de leur corps. Car ils avaient la fonction primordiale de maintenir les autres muscles, et donc de garantir la position d'aplomb de l'animal. Ainsi, l'engourdissement se propageait jusqu'aux parties les plus nécessaires et les paralysait, les sargs n'avaient d'autre choix que de succomber aux coups multipliés et s'effondrer de tout leur poids. L'enfant s'arrêta enfin et reprit son souffle. Son bâton tout ébréché n'aurait pas tenu plus de temps avant de se fendre, mais il avait été d'un réel secours, et Bastian le rendit à la nature. Les fauves féroces d'il y a un instant gisaient désormais au sol, la langue leur sortait de la gueule et ils haletaient bruyamment comme s'ils étaient en train de s'étouffer. Bastian se dit qu'ils avaient eu leur compte ; ils mettraient un bon laps de temps avant de se relever et encore plus pour lui courir après, dans le cas où ils en auraient eu envie, après tout on pouvait s'attendre à tout.



Reprenant donc la route, notre jeune héros continua de marcher un bon moment jusqu'à arriver à une grande intersection. Étrangement la rivière qui coulait plus bas sur sa droite s'arrêtait là. Bastian se trouvait à une bonne hauteur au-dessus du cours d'eau, et il voyait parfaitement que l'eau ruisselait à travers la roche. Cependant ce ne pouvait être la source qu'il cherchait et cela il en était sûr. S'il continuait tout droit, le chemin se réduisait nettement et grimpait assez abruptement vers les montagnes. Sur sa gauche néanmoins, la route semblait continuer normalement ; elle devait apparemment se finir au pied de la montagne que l'on voyait au loin, car elle n'avait pas l'air d'amorcer une quelconque ascension. L'enfant distinguait à peine une zone sombre qu'il pensait être un lac, et donc forcément la source indiquée. Après une courte pause où il se défit de sa veste car il avait trop chaud, mais pas de sa cape, il continua ainsi vers son but, traversant une forêt aux arbres éparpillés.

De nombreuses créatures paraissaient aux alentours, mais la plupart étaient très discrètes, certaines s'enfuyaient à l'approche du voyageur, d'autres passaient inaperçues tant elles se fondaient avec la nature. Bastian pu voir passer un troupeau de yakuls, des animaux craintifs assez typique de la région. Ils étaient un gibier de choix pour les sargs et autres chasseurs féroces, parfois même, il arrivait à quelques Généains d'en apprivoiser un au lieu de le manger, et il se révélait être une excellente monture, particulièrement dans les terrains risqués et impraticable à pied. Leurs longues et solides cornes étaient aussi beaucoup appréciées, et avec l'on pouvait fabriquer divers outils fort utiles. C'était une forêt paisible, il y avait divers bruits s'harmonisant assez bien, les oiseaux et d'autres animaux chantaient chacun de leur façon, de même les feuilles dansaient et se secouaient en produisant des frémissements agréables. Cependant plus notre héros avançait et plus l'atmosphère devenait calme. Au bout d'un moment, les bestioles habituelles n'apparaissaient même plus. Et le moindre bruit à part le vent soufflant dans les arbres se faisait rare. Il semblait n'y avoir plus que les arbres manifestant leur présence, et Bastian avait le sentiment de pénétrer un territoire absolument vierge. Il progressait paisiblement depuis un certain temps lorsque l'orée de la forêt se fit apercevoir au loin.

La vue qui s'offrit à lui était à couper le souffle. Passé les derniers arbres, s'étendait devant lui la montagne qu'il avait vu de loin. Elle tombait en falaise et encerclait presque l'endroit, là se trouvait la source. Le lieu avait vraiment quelque chose de mystique, de fabuleux, une impression énigmatique, difficilement explicable. À quelques pas se trouvait l'ancien village, il y avait apparemment une légère pente qui l'amenait plus bas vers le centre. Partout autour de lui traînaient de nombreux vestiges étonnamment bien conservées. Une sensation étrange s'était élevé chez Bastian, il y avait comme un silence pesant. Un son diffus quasi-imperceptible imprégnait l'atmosphère, et l'enfant ressentait là l'effet de l'Essence. Apparemment ce que Jaol avait dit s'avérait exacte. La catastrophe qui avait accablé le village fut sans aucun doute due à la naissance d'une source d'Essence à l'endroit même de la source d'eau. Néanmoins existait-elle toujours ? L'air ne semblait pas assez saturé, et Bastian estima que dans le cas inverse il aurait eu du mal à respirer. De plus l'endroit semblait viable bien que la seule présence d'Essence suffisse à repousser tout être conscient. Ce qui avait tué et causé la fuite des villageois n'était plus là, seule sa trace subsistait. Encore que cela ne prouvait rien, il y avait bien eu source, mais est-ce qu'une matérialisation s'était formée ? Ça il n'en savait rien, mais il devait absolument le vérifier.

Notre héros traversa les restes du village tout en méditant sérieusement sur ce qu'il était venu chercher ici. Lorsqu'il s'arrêta pour contempler le lac devant lui, il considérât qu'il n'avait jamais vu une telle étendue d'eau. Le village surplombait de peu le lac cristallin. Ce dernier semblait cerné par les parois de la montagne qui plongeaient abruptement en lui, de sorte qu'il ressemblait mieux à une gigantesque cuve. Bastian s'aventura sur le promontoire se trouvant dans le prolongement du village et qui s'avançait d'une bonne distance en approchant le milieu du lac. C'était là un site bien peu ordinaire. L'enfant s'assit sur le bord, n'ayant aucun soupçon de vertige. Il regardait vaguement le paysage avec cet air particulier qui le révélait plongé dans ses pensées. La surface de l'eau était limpide, néanmoins on avait du mal à voir en profondeur, du fait que la concentration d'Essence brouillait étrangement les distances. Bastian se délesta de ses affaires et de ses habits en ne gardant plus que sur lui son caleçon. Puis il se mit en position de tailleur sans pour autant s'éloigner du vide. Il détendit tout ses muscles et commença à prendre une respiration parfaitement mesurée. De grandes inspirations suivies d'expirations de même temps, son rythme respiratoire absolument calme et constant. Ses yeux se fermèrent et il se concentra, focalisant son attention sur l'air qu'il emmagasinait. Voici ce qu'il fit pendant un bon moment, restant environ deux ou trois hôrs dans cet état. Plus le temps passait et plus Bastian ressentait de l'intérieur le besoin de rejoindre le lac, son instinct le lui commandait violemment. Alors que le calme avait persisté si longtemps, l'atmosphère semblait maintenant vaciller. L'appel de la source augmentait en intensité jusqu'à devenir insupportable, et l'enfant se leva alors. Sa conscience hésitait encore, et la tension devenait sérieuse. S'il plongeait sans réfléchir, qui sait ce qui lui arriverait. Ce qui l'attendait ne lui permettrait peut-être pas de revenir. L'appréhension et la peur qui en découlait était palpable, cependant son instinct profond n'en avait cure ; lentement, il bascula en avant puis chuta du promontoire. Un léger bruit perturba le silence, et l'onde qui fut créée à la surface de l'eau se propagea gracieusement pour s'évanouir au bout de quelques instants.



Bastian sombrait petit à petit dans les profondeurs du lac. Éveillé, mais les yeux clos, la sensation qu'il avait ressentit en pénétrant dans ces eaux était tout aussi incroyable que s'il était passé d'un monde à un autre. Il avait radicalement franchi cette limite qui était la surface de l'eau ; arrivant brutalement contre celle-ci, pourtant les flots l'engloutirent, n'opposant presque aucune résistance. Il éprouva un effet agréable lorsqu'il fut accueilli dans ce nouveau milieu, sa perception s'en trouva changée. Il se laissait couler paisiblement, conscient de lui-même mais pas de ce qui l'entoure, ses sens subissaient une adaptation complexe. Soudain un éclair de lucidité le tira de sa torpeur. Ouvrant les yeux, il se figea à une profondeur peu évidente. En toute apparence, il ne devait pas être beaucoup plus éloigné du fond que de la surface. Bastian se tenait droit et concentré, flottant entre les eaux, son attention aiguisée en tout point. Immobile, il ne percevait aucun mouvement manifeste, sachant cependant que le danger pouvait être imminent et surgir de n'importe où. Et le temps passa, pourtant il n'y avait toujours aucune menace qui puisse se faire sentir. La vue de l'enfant s'éclaircissait peu à peu, et de même le silence ne semblait plus aussi inexorable alors qu'un son pur et évanescent envahissait l'atmosphère. Le sônus mais principalement sa mélodie, se révélait. Apparurent dans un premier temps aussi discrètement qu'on puisse le concevoir des notes et tonalités infimes, à peine audible quoiqu'on puisse faire comme effort dans le but de les écouter. Au fur et à mesure une résonance mystérieuse s'établissait dans tout les alentours. Chaque son devenait de plus en plus insistant ; cela commençait par un tintement éthéré, comme une clochette qui produirait une tonalité imperceptible, la plus élémentaire qui nous soit donné d'imaginer. Puis, la vibration qui était créée sonnait, l'onde augmentait en amplitude et intensité jusqu'à se confondre en une voix irréelle qui finissait par se volatiliser d'une façon tout aussi indiscernable qu'elle était naît. Les notes qui se succédaient au fur et à mesure constituaient une harmonie subtile. Le bruit se dispersait dans tout l'espace, il semblait provenir de nulle part et aboutir n'importe où. Le même son, Bastian l'avait déjà perçu à l'extérieur ; mais ici il apparaissait comme bien plus profond et complexe. La différence était qu'il se retrouvait littéralement immergé, comme s'il entendait ce son de l'intérieur. Impossible d'y échapper, tout son être était traversé de part et d'autres, et forcé de résonner de même. Manifestement les vibrations prenaient source précisément dans cet endroit, ce qui n'avait rien de surprenant. Bastian avait maintenant une vue claire et distincte du fond du lac, autant que la mélodie qui semblait produite par les particules d'eau elles-même. Cette dernière paraissait sous plusieurs aspects impénétrable et merveilleuse, tant de subtilités troublantes qui dégageaient une indicible douceur. L'enfant n'avait jamais rien entendu de si apaisant, rien de plus paradoxal donc, qu'une intense colère se libérait du plus profond de lui-même, comme en une espèce de réaction. Cette quiétude absolue qui régnait ne semblait aucunement perturbée par sa présence, et pourtant il s'agissait bien d'une intrusion, une quelconque entité se serait fait signaler. Mais rien, Bastian s'était laissé guider jusqu'ici pour se retrouver face à la déception. Il se sentait terriblement irrité, alors même qu'il s'y attendait. L'eau environnante frémit, la mélodie s'altéra de manière étonnante, comme si elle tentait de fuir.

Son coté irascible prenait une part inquiétante lorsqu'il se calma soudainement. Il venait tout juste de remarquer une chose et non des moindres ; lui qui flottait au beau milieu de ce lac, qui de l'intérieur était bien réellement une énorme cuve, n'avait pas fait attention à l'incommensurable silhouette adossé à la paroi montagneuse qui plongeait jusqu'au fond. Étrange, peut-être qu'à cause de ses dimensions, il n'avait pu le voir dans son ensemble. Trop grand pour qu'on puisse d'un coup d’œil dissocier la forme de ce colosse d'avec la falaise. Bastian était stupéfié, il n'avait pas connaissance de l'existence d'une chose pareille, ni en avait entendu parler. Bien qu'il sache beaucoup plus sur les créatures que la plupart des gens, un titan vraisemblablement en pierre, et de cette taille, cela surpassait et de loin tout ce qu'il avait pu voir d'étonnant en ce monde. Dans la position où il était, c'est à dire assis, ce qui avait tout l'air d'être la tête se situait à mi-profondeur du lac, la mesure du géant ne devait pas être loin de la moitié de cette cuve qui n'était pas grand chose pour lui. L'enfant était subjugué, une créature aussi impressionnante lui faisait réaliser à quel point il était bien peu, et que son voyage n'en était vraiment qu'au tout début.

La mélodie avait légèrement changé, mais ne faisait que renforcer le sentiment d'admiration ; c'était comme si le milieu avait connaissance de l'état dans lequel se trouvait Bastian. Cependant il ne pouvait s'empêcher de songer, si jamais le titan se levait, il ébranlerait le lac dans son entièreté et encore toute la terre aux alentours, contrairement à lui qui n'avait produit qu'une perturbation insignifiante. Cette considération lui fit remarquer que ce dernier avait les jambes qui se fondaient dans la roche du fond. Mais Bastian avait déjà compris que le colosse ne se lèverait pas, sa première impression n'était pas mauvaise, il n'y avait que lui de présent ici. Malgré sa stature, il était manifeste que la créature titanesque manquait d'une chose primordiale, ce n'était pas pour rien qu'elle demeurait absolument inerte et se confondait avec la nature environnante. L'absence de vie, d'un quelconque moteur, la caractérisait ; cette masse impressionnante semblait être plongée dans une stase profonde ou bien s'était-elle éteinte pour de bon... L'enfant resta longtemps à observer le géant de pierre, il y avait tant de détails malgré l'allure grossière, la figure dont il restait quelques vestiges, la carrure particulière, les mains dont on aurait dit qu'elle avait été sculpté parfaitement, et aussi d'étranges symboles, symétries, signes et autres figurations tracés d'une façon si méticuleuse dans le corps rocheux.



Après être resté si longtemps immergé, la première bouffée d'air que pris Bastian lui sembla redonner vie. En effet, son corps sortit d'une espèce de langueur qui était de manière évidente dû à un manque d'air. Il prit grand plaisir à respirer, et ne se décida à nager jusqu'à la rive qu'après s'être habitué à l'atmosphère. Pourtant, c'était comme si son esprit n'avait pas quitté les profondeurs du lac, et on aurait dit qu'il était encore en train d'admirer le colosse titanesque. Du moins, on pouvait supposer que cette vision l'avait marqué, et qu'il y pensait encore. Lorsqu'il atteignit la berge, et émergeant alors de l'eau, une petite brise vint le caresser. Il frissonna quelque peu, mais surtout parût retrouver un brin de frivolité et de gaieté, ce que laissait témoigner son expression et sa démarche apparente. Ainsi, il retourna sur la pointe du village d'où il s'était risqué à plonger. Tout en se séchant avec sa cape, se rhabillant et reprenant ses affaires, il observa le ciel et les alentours avec une curiosité distraite. Le sônus avait distinctement évolué ; le bruit clair et diffus caractéristique de l'endroit était resté identique, cependant quelques fluctuations générales étaient apparut. Et pour cause, en son absence le temps avait changé. Plusieurs nuages s'amoncelaient dans la direction des monts ; volumineux et d'un blanc vitreux, ils formaient une masse toute particulière, avec des superpositions et des enchevêtrements fantastiques qui la rendaient presque vivante. Entre autre, la luminosité avait diminué. Cette nouvelle ambiance cumulée à la déception qu'avait éprouvé Bastian, lui suscitait l'envie impérieuse de quitter en vitesse cet endroit abandonné, qui traduisait désormais une mélancolie insupportable.

Notre très jeune héros dirigea son regard vers les nuées, son aventure continuait, c'était bien sûr ; mais qu'allait-il trouver à la fin ? Est-ce qu'il n'y parviendrait que par sa propre volonté ? Rien ne pouvait lui présager l'avenir, cependant, avait-il le choix ?...





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5 commentaires:

  1. Dommage que je n'aime pas lire les textes des autres car le peu que j'ai lu me semble vraiment bon !

    Peut-être le reste est-il moins bon, je n'en sais rien, je n'ai pas eu le courage de tout lire. Je ne suis pas du tout lecteur.

    Mais je vous encourage à écrire encore et aussi bien que dans cette première partie évoquée que je viens de lire.

    Raphaël Zacharie de IZARRA

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    1. Eh bien au moins je peux vous remercier de ce commentaire, et de vos encouragements.
      Je suis tout juste novice en écriture, mais j'espère qu'à force d'expérience, je pourrai m'améliorer encore.
      Il est vrai que c'est dommage que vous ne soyez point du tout lecteur, je pense qu'on y trouve un réel et soutenu plaisir. En plus d'après le vocabulaire riche et esthétique dont justement vous faites usage, on a l'impression que vous avez déjà une bonne carrière de lecteur.
      En tout cas, même si nos genres d'écriture diffèrent, il m'est sympathique de recevoir votre opinion.

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  2. Luryio,

    Pour un novice je vous trouve plutôt doué, je vous le dis sans nulle flagornerie. Aussi mes encouragements sont sincères et je les réitère avec force. Continuez à écrire, il ne faut pas sous-estimer votre talent. Il est vrai que je ne suis pas lecteur mais à travers les quelques lignes lues ici, j'ai immédiatement détecté en vous un réel potentiel d'écriture.

    En effet je suis la preuve qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu pour écrire mais je suis peut-être un cas isolé en ce domaine.

    Raphaël Zacharie de IZARRA

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    1. J'aurai aimé que vous argumentiez plus...
      Surtout que si c'est pour supprimer son propre commentaire juste après, ce n'est pas la peine.
      Dommage.

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